Le Brésil au XIXème et XXIème siècle

Le Brésil au XIXème et XXIème siècle:
Une étude sur la croissance de la population, de l’urbanisation et de la pollution dans le monde en voie de développement

Le Brésil est un pays caractérisé par d’importants contrastes entre la pauvreté et la richesse, la beauté et la pollution, les “bidonvilles” et les “gratte-ciel(s)”. Dans le monde en voie de développement, le Brésil est considéré comme un exemple de ce qui peut arriver autre part lorsque l’urbanisation est probable. La population urbaine augmente beaucoup plus rapidement dans les pays en voie de développement que dans les régions plus développées. Qu’arrivera-t-il alors, lorsque le modèle de consommation des sociétés hautement urbanisées deviendra global? Avec la croissance de la population devenue incontrôlable, quelles seront nos limites?

“Où que j’aille, la nuit ou le jour, les choses que j’ai vues, je ne peux plus les voir.”
Extrait  de l’ “Ode on Intimation of Immortality”
de  William Worsdworth , 1770 – 1850

Le Brésil est un pays caractérisé par d’importants contrastes entre la pauvreté et la richesse, la beauté et la pollution, les “bidonvilles” et les “gratte-ciel(s)”. Le pays se trouve être le site des deux premiers débarquements lorsque le “Beagle” a accosté à Salvador de Bahia et à Rio de Janeiro. Cette aventure historique dans le domaine de l’histoire naturelle et de la géologie est devenue la base essentielle du livre de Darwin, “L’Origine des Espèces”,  dont nous célébrer le 150ème anniversaire l’année derniere. L’année de la plus célèbre publication de Darwin est aussi caractérisée par le commencement d’une nouvelle periode de consommation de combustibles fossiles lorsque les premiers puits de pétrole ont été forés. Augustus Earle et Conrad Martens, deux artistes du 19 ème siècle qui accompagnaient le “Beagle” à différentes étapes, nous ont laissé des esquisses et des aquarelles qui illustrent l’importante différence avec les photos d’aujourd’hui. Les changements sur les territoires humains durant cette période sont liés à la croissance de la population, de l’urbanisation et de la pollution. Depuis 1859, la population humaine a augmenté plus de cinq fois, la densité de la population a dépassé la limite des 50% et l’émission mondiale de gaz carbonique a augmenté de 10 000% (Boden et al. 2009).

La plage de Botafogo est tellement polluée que personne ne s’y baigne et que seul un petit nombre de personnes s’y promène. Le même jour, à seulement 30 minutes à pieds de là, la popularité de Copacabana contraste avec la baie de Botafogo qui est désertée.

Pour faire face aux pressions de la croissance de la population et du besoin d’espace, la ville de Rio de Janeiro a dû reprendre du terrain sur la mer. Les anciens résidents se rappellent que la plage où ils se baignaient il y a cinquante ans, était située beaucoup plus près de la montagne du Corcovado. De notre point d’observation de ce paysage urbain, les odeurs d’une baie polluée, la proximité des détritus et le bruit des rues de la ville mobilisent tous nos sens. L’endroit sur la plage où la photo de Botafogo Bay a été prise est un site plein d’ordures où vit un Sans Domicile Fixe. Il y a des déchets partout et un feu de camp éteint.

Le Fort São Marçelo et l’église Igreja Conceiçao de Praia ont survécu mais le théâtre Sao Joao a été démoli en 1922 et remplacé plus tard, par le palais des sports. La  place où Augustus Earle s’est assis pour dessiner cette ville est maintenant un lieu où les touristes sont prévenus par les habitants locaux de ne pas s’y aventurer à cause d’attaques à main armée, de violence et de vols, dus à l’augmentation des pressions économiques de la pauvreté urbaine.

Durant les 30 dernières années, la population de l’état de Bahia a augmenté de plus de 50%  alors que la population de la cité Salvador a augmenté de presque 100%. Depuis les  années 80 la migration urbaine vers les capitales régionales telles que Salvador, a augmenté. Ce changement de la migration interne a crée une demande énorme d’infrastructures et a été accompagné par une croissance de la pollution, de la pauvreté et des épidémies. Par exemple, la “dengue” a été reconnue au Brésil en 1981 (Nogueira et al. 2002), en vagues successives et presque 3 millions de cas ont été enregistrés dans une période de moins de 20 ans. La pauvreté et la maladie n’ont cependant pas beaucoup affecté la croissance de la population du Brésil.

Le Brésil est réputé pour l’important décalage entre la densité de population et la pauvreté (de Blij, 2009). 10% des Brésiliens les plus riches possèdent 2/3 des terrains et contrôlent plus de la moitié de la richesse du Brésil (Knapp, 3002). On estime qu’un cinquième de la population la plus pauvre des Brésiliens, plus de 34 millions, vit dans les conditions les plus misérables que l’on trouve sur la terre, même comparé aux méga-cités d’Afrique ou d’Asie (de Blij, 2009 ). Les “marginaux” ne sont pas les masses vivant dans la pauvreté mais la minorité privilégiée.

La population urbaine augmente beaucoup plus rapidement dans les pays en voie de développement que dans les régions plus développées. Dans le monde en voie de développement, le Brésil est considéré comme un exemple de ce qui peut arriver autre part lorsque l’urbanisation est probable (de Blij, 2009: 188). Considérant l’étendue de la corruption, de la criminalité et des maladies contagieuses, quelle sorte de lugubre futur peut-on prévoir pour les autres nations? En ce qui concerne l’émission de gaz carbonique, le Brésil est responsable pour plus d’un tiers des émissions de l’Amérique du Sud (Boden et al. 2009). Qu’arrivera-t-il lorsque le modèle de consommation des sociétés hautement  urbanisées deviendra global? Combien de Terres faudra-t-il pour supporter l’humanité?

James Lovelock a recommandé qu’on commence à utiliser l’énergie nucléaire le plus tôt possible, tout au moins comme solution à court terme, afin de réduire les émissions de gaz carbonique (Lovelock, 2006). La France a offert un modèle où le coût de l’électricité à l’usage domestique est de 30 à 40% moins cher que dans les autres pays d’Europe (Mallet & Leveque, 2009). Considérant  les prévisions des Nations Unis, selon lesquelles la population atteindra de 8 à 10.5 milliards en 2050, cette mesure est un critère, parmi bien d’autres, pour envisager sérieusement et rapidement sa mise en œuvre.

En 1776, l’économiste Écossais Adam Smith a prévu une erreur fatale dans l’économie. Il a  expliqué  que, pour chacun, le désir de nourriture est limité par la capacité de l’estomac mais  que le désir des commodités, de la décoration des habitations, de la mode, des voitures et  des meubles, semble ne pas connaitre de limites ou de frontières (Ashraf et al. 2005; Paganelli, 2009:85). La culture humaine a été supplantée par le pouvoir sur nos “gènes égoïstes”; aucune tendance inverse n’a pu être identifiée dans les archives. L’exploitation des ressources du monde avec les mines, le déboisement et le pillage des océans, est un témoignage de l’avarice que Smith avait qualifié de ‘’sans limite et sans frontière’’.

Les technologies basées sur l’énergie renouvelable sont déjà accessibles. Cependant, il est évident que les compagnies minières et pétrolières des grandes puissances retardent la  production et la distribution de ces technologies afin de pouvoir épuiser une ressource et avant de passer à la prochaine, ce qui permet de conserver les prix hauts durant les périodes de vente des deux. II est évident que notre civilisation “productiviste” et consumériste néglige le fragile équilibre entre le comportement culturel et les délicates sinon difficiles contraintes écologiques (Mason, 2005).

Il y a 2000 ans la population de la terre était de 300 millions. Il a fallu environ 1500 ans avant que la population n’augmente pour atteindre jusqu’à 600 millions au moment des voyages de Christophe Colomb en Amérique (Diczfalusy, 1991). De 1346 à 1350 la peste bubonique a tuer 50 millions de personnes en Europe et en Asie et litteralement décimé la population. Depuis Louis Pasteur et les premiers microbiologistes, les grandes pandémies bacteriennes ont été presque éliminées. Quoique les pandémies virales soient toujours difficiles a controler, elles n’ont jamais tuer plus de 2% de la population mondiale a la fois. C’est un chiffre comparable a celui de la starvation mondiale qui tue environs 2% de la population chaque quatre ans. Avec les vastes changements de la densité de la population humaine et l’imprevisible changements climatiques, la starvation va augmenter et les pandémies virales vont devenir plus effrayantes.

Paul Crutzen a récemment proposé que dans la dernière moitié du XVIII ème siècle on pourrait dire que le monde est entré dans une nouvelle ère géologique que nous pourrions appeler ‘’ l’Anthropocène’’ parce que cela correspondrait à l’époque où les activités humaines, catalysées par la Révolution Industrielle, ont commencé à dominer tous les écosystèmes de la terre (Crutzen & Stoermer, 2000). C’est seulement après la révolution agraire et industrielle, et avec les progrès en médecine, que la population a augmenté jusqu’à 1 milliard ! Depuis, la population a doublé (2 milliards) en 1927, et doublé à nouveau (4 milliards) en 1977 (Diczfalusy, 1991), et va doubler encore dans les années qui viennent. Les controles naturels du surpeuplement ont été affectés par les progrés de la medicine.

A l’aube de l’Anthropocène, le Révérend Thomas Robert Malthus, un ecclésiastique, mathématicien et “Fellow of Jesus College, Cambridge”, a publié un “Essai  sur le Principe de Population, son effet sur la future amélioration de la société“ (Juin, 1798). Malthus calcula que la population humaine, sans contrôle, augmenterait d’une façon géométrique, alors que la possibilité d’assurer sa subsistance n’augmenterait  qu’arithmétiquement. Il en conclut que la croissance de population est infiniment plus grande que les possibilités qu’offre la Terre pour assurer la subsistance de l’homme. Les lois de la nature supposent un sévère et constant contrôle de la population. D’après  Malthus , la  difficulté de survivre serait continuellement imposée à la  plus  grande partie de la population qui souffrirait constamment de privations. Inspirés par la Révolution Française, beaucoup de contemporains de Malthus considéraient l’avenir avec optimisme et condamnèrent sévèrement ces lugubres prédictions. Ils voyaient l’humanité progresser sans cesse vers un monde d’abondance universelle, de paix et de prospérité, où tous les hommes seraient égaux en santé, richesse et bonheur (Potts & Short, 1999: 286 ). Les réformateurs sociaux de l’époque, comme Karl Marx, Frederick Engels et Samuel Coleridge ne pouvaient accepter que la pauvreté soit inévitable (Short, 1998). Robert Southey, l’auteur de “L’histoire du Brésil”, (1810-1819 ), condamna sévèrement la théorie: “Mr. Malthus est connu pour ses actions contre Dieu Tout-Puissant ; dans un de mes pamphlets, il sera pendu, éviscéré et écartelé” (Poynter, 1969:168). En vue de l’incrédulité et  de la critique, des événements subséquents ont discrédité sa funeste prémonition sur la difficulté de survivre. Malheureusement, sa vision dystopique l’emporta.

L’économiste John Maynard Keynes a décrit l’essai de Malthus comme “le travail d’un jeune génie” (O’Donnell, 2006 : 399). Cependant, les plus hautes éloges du travail de Malthus viennent  de Charles Darwin et Alfred Russell Wallace, qui, indépendamment, ont  déclaré que l’essai de Malthus était le livre le plus influent que l’un ou l’autre n’aient jamais lu, car il fournissait la clef qui permettait de comprendre comment la “Loi du plus fort ou la lutte pour la vie” peuvent conduire à la sélection naturelle et, ultérieurement, à l’origine des espèces (Potts & Short, 1999:286). La croissance exponentielle de la population contredit les prédictions de Malthus. Il pensait que les mariages tardifs, l’importante incidence de mortalité infantile, les guerres, les avortements, l’infanticide, la peste, la pestilence, les parasites et la famine constitueraient un contrôle à la fois préventif et efficace sur la croissance de la population.

Malthus n’avait  pas  prévu  les  progrès  en  technologie agraire, la chute du taux de mortalité infantile et l’accroissement du temps de vie. D‘autre part, il n’a pas pris en compte les pesticides, les détergents, les solvants, la bioaccumulation, les effets disruptifs des hormones, le développement de produits toxiques et cancérigènes, les effets des pluies acides et l’utilisation intensive des carburants. Le réchauffement de la planète est seulement un risque parmi beaucoup qui menace la vie humaine, la faune et l’environnement (Potts, Pebley & Spiedel, 2009). Dans plusieurs pays, nous transformons même l’agriculture en ressource non-renouvelable (Diamond, 2005). Aujourd’hui, lorsque nous considérons la relation entre l’augmentation de la population et l’environnement, la démographie a peu changé depuis les calculs de Malthus (Hogan, 1992). En  alignant  nos habitudes culturelles sur nos limites écologiques, nous  avons fait peu de choses pour contrôler l’augmentation de la population. La  population  du  monde était de 1 milliard quand  Malthus a publié ses lugubres prédictions; aujourd’hui, elle est supérieure aux prévisions d’alors (près de 7 milliards). Malthus ne pouvait pas prévoir que nos propres émanations toxiques, l’augmentation constante de la concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère, pourraient devenir l’ultime contrôle de la population. Le vieil adage: “The sky is the limit“ (Tout est possible; le ciel est la limite) a pris une nouvelle signification plutôt sinistre (Short, 2009).

Lors d’une conférence récente (UCLA, 2009), les prévisions indiquaient qu’en l’année 2009 il y aurait 78 millions de naissances de plus que de décès, et 95% de cette croissance serait en provenance  des pays de faible revenu (Potts et al. 2009). De plus, si l’on considère  les estimations prévoyant  plus de 80 millions de grossesses accidentelles chaque année, on pourrait en déduire que si nous pouvions par hypothèse éviter toutes les naissances non désirées, la population humaine serait stabilisée. Par ailleurs, il est connu que l’accès au planning familial, à la contraception, à l’interruption volontaire de grossesse feraient décroître le nombre d’enfants. On sait également que l’information et l’éducation, des  femmes en particulier, contribuent de manière sensible au déclin de fertilité. Avec le développement de l’accès a l’Internet, les sociétés de  bienfaisance ont, peut-être trouvé le moyen de communication pour une éducation  gratuite. Avec  l’Internet  accessible, même dans les camps de réfugiés, la suggestion n’est peut-être pas irréalisable. Les sources d’éducation, gratuites, traduites en plusieurs langues, animées et accessibles sur Internet peuvent  constituer  une  voie  d’accès plus aisée pour une part importante du milliard de jeunes gens, de 15 à 24 ans, qui vivent avec des possibilités limitées en matière d’éducation et d’emploi. Certainement, aucun pays intéressé de jouer un rôle dans le futur du monde peut attendre de mise en place l’accès a l’internet pour toute leur citoyens (Spender, 1999: 255).

Al Gore est un des plus récents sur la scène internationale à conclure que le réchauffement global de la terre est le résultat des activités humaines (Gore, 2006). Peut-être était-il déjà arrivé à la conclusion que la croissance démographique était à la source du problème quand en 1999 il a joué un rôle important en aidant les industries pharmaceutiques à bloquer la distribution des traitements bon marché dans la lutte contre le SIDA en Afrique du Sud (Wadman, 1999). Les industries pharmaceutiques occidentales ont montré peu d’intérêt à produire des médicaments pour les pays sous-développés, non seulement parce qu’il y a peu de profit à réaliser, mais aussi parce qu’elles feraient moins de profit dans les pays développés si les clients réalisaient que ces médicaments pouvaient être fabriqués et vendus à meilleur marché. Peut-être Al Gore ne pouvait-il pas voir une difficulté avec cette mentalité par rapport aux traitements envisagés contre le  SIDA ; cependant, ceux d’entre nous, dans les pays développés, qui voudraient continuer a profiter de leur confort et habitudes culturelles un peu plus longtemps devraient sans doute considérer la distribution de contraceptifs stéroïdiens à bas prix.

Dans plusieurs parties du monde, les grandes industries pharmaceutiques du monde occidental ont trouvé qu’il était plus profitable de ne vendre les contraceptifs stéroïdiens que sur ordonnance. Cette précaution n’est absolument pas justifiée médicalement (Trussel et al. 1994), mais elle offrait discrètement aux entreprises pharmaceutiques la possibilité d’utiliser les docteurs comme vendeurs gratuitement et, en même temps, de garder des prix relativement élevés pour un produit qui n’est plus protégé par un brevet, et pouvait être fabriqué pour presque rien. La médicalisation de la contraception en dénie l’accès à ceux qui en ont le plus besoin: les pauvres, les mal informés et les adolescents du monde entier qui sont peu disposés a révéler leur sexualité naissante dans des institutions sociales et/ou religieuses qui sont potentiellement volatiles. Les corporations pharmaceutiques occidentales, motivées par le profit (Angell, 2004) n’offrent pas de solutions. Les sociétés de bienfaisance peuvent cependant, se tourner vers les industries pharmaceutiques des pays en voie de développement comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou la Thaïlande.

Au Brésil, l’avortement est interdit par le gouvernement, tandis que le Brésil est un pays où la pilule du lendemain peut être achetée sans ordonnance pour un prix modique (6 à 7 €uros). Malheureusement, le nombre de personnes vivant avec moins 1 €uro/jour met l’accès à la pilule hors de portée d’une grande proportion de la population. Il est estimé que le nombre de contraceptions nécessaires, dans les pays à bas revenu, devrait passer de 498 millions en 2000 a 722 millions en 2015 (Potts et al. 2009). Une solution globale ne semble pas possible, mais nous pourrions considérer combien de personnes au monde et combien de nos habitudes culturelles pourraient être pris en compte et soutenues. Quel gouvernement va être prêt à suivre les Français qui, déjà en 2000 (Daley, 2000:1), a rendu la pilule du lendemain librement accessible aux adolescents à l’école?

A la fin du XXe siècle, les années 80 ont été considérées comme une décennie ‘’des occasions perdues’’ pour éduquer les populations à la contraception (Diczfalusy, 1991). Maintenant, au début du XXIe siècle, il est important de discuter des mesures à prendre, quelles habitudes culturelles  peuvent être prises en considération et quelles solutions pourraient être mises en place afin de réduire notre impact sur l’écologie globale. Dans une analyse du côut de la reduction de gas carbonique, il a été demontré que chaque fois que l’on dépense US$ 7 en planning familial, on peut reduire d’une tonne l’emission de gas carbonique alors que l’utilisation des technologies dites de ‘basse’ emission côute au moins US$ 32 la tonne (Wire, 2009). Il semble que l’utilisation volontaire des methodes contraceptives soient un moyen ethique et efficace de reduire la pollution.

« Oubliez la division entre le monde développé et le monde en voie de développement. Il est préférable de penser au monde développé—qui comprend de plus en plus de vieillards—comme ‘monde gériatrique’, et le monde en voie de développement—où les enfants sont le plus grand groupe en croissance—comme ‘monde pédiatrique’ » (Djerassi, 1999: 79). Les problèmes du monde gériatrique et du monde pédiatriqe sont différents.  Dans le monde gériatrique, les problèmes liés à la vieillesse préoccupent la recherche médicale. Dans le monde pédiatrique, la famine et les pestes parasitiques tel que le paludisme sont les sujets médicaux les plus graves et les plus sérieux. Une mesure primaire a notre disposition, c’est la distribution de la contraception et le planning familial en respectant la liberté des personnes. L’autre mesure vitale, c’est la distribution de l’accès aux ressources éducatifs sur l’internet. La vraisemblable éducation sans limite des êtres humains nous donne l’espoir qu’un jour chaque enfant né sera un enfant voulu et non-contraire.

L’histoire a demontré que l’homme peut répeter la même erreur un incroyable nombre de fois, même si on exclut les cas d’erreur apparente ou l’intérêt général est sacrifié à celui de quelques particuliers et  l’opération est soigneusement préparée d’avance. Historiquement, notre capacité de réagir pour faire face à un péril imminent laisse à désirer. L’homme a vécu dans des zones sujettes aux désastres naturels depuis des siècles, tout en étant parfaitement conscient des dangers paraissant inévitables. Les plaines inondées, les îles volcaniques, les failles, les régions d’ouragan et de tornades ont été, et sont toujours, des lieux d’habitation des hommes qui ont décidé que les bénéfices à court terme étaient préférables aux risques de catastrophes qui sont arrivées au cours de l’histoire et pourraient se présenter à nouveau dans le futur. L’histoire a démontré que les risques, bénéfices ou dangers, sont souvent mal évalués en fonction des positions géographiques retenues. Nos cerveaux se sont avérés incapables d’évaluer les dangers, du fait d’un manque d’un certain sens de prémonition.

Aujourd’hui cependant, alors que la Terre pourrait devenir rapidement le site d’une catastrophe imminente, nous commençons à montrer des signes de vouloir surmonter nos faiblesses neurologiques. Les outils de la culture, qui participent à susciter notre intuition, nous donnent aussi l’inspiration pour envisager notre propre destin. Notamment, dans le monde développé, nous commençons à discerner la naissance d’une prise de conscience plus forte; les situations et perspectives périphériques convergent vers une prise de conscience plus centrale qui entraîne une motivation plus dynamique de la société humaine. Si nous acceptons l’hypothèse que “Plus la population est grande, plus grandes sont les chances d’innovation” (Bloom et al. 2009), alors, nous pouvons espérer que les cultures humaines sauront s’adapter rapidement aux solutions techniques radicales que nous serons obligés de prendre.

La Commission récente du Lancet sur les effets du changement de climat sur la santé est un sérieux diagnostique des problèmes considérés à l’échelle mondiale. Une des conclusions de ce rapport est que ”Le plus urgent des besoins est de donner les moyens nécessaires aux pays pauvres ainsi qu’aux gouvernements régionaux et aux communautés locales partout” (Costello et al.  2009:1728). Pourquoi devrions-nous être concernés par l’augmentation de la population dans les pays en voie de développement étant donné leur contribution limitée a la pollution associée au changement de climat? La raison est que ces pays subiront les pires effets du réchauffement de la terre et de l’imprévisibilité du climat. Avec l’élévation du niveau de la mer, l’aggravation du manque d’eau potable et la propagation des épidémies et maladies contagieuses, il n’y a pas de doute que les pays pauvres manqueront de ressources pour faire face aux problèmes. Mais, comment pouvons-nous ésperer que les populations des pays en voie de développement puissent profiter de l’experience de nos erreurs si nous sommes, nous-mêmes, incapables d’en tirer une leçon?

Pendant plusieurs décennies, Paul Ehrlich (1968; 2008) a soutenu que la pression démographique sur les ressources naturelles et l’environnement est un problème contemporain qui a été ignorée par les législateurs (Bloom et al. 2009). Ses arguments, souvent exagérés, ont laissé des doutes chez certains. Mais il est devenu clair que le maintien de la taille de la population n’est pas un objectif valide pour les décideurs politiques (Bijak et al. 2005:27). Si nous voulons éviter un désastre globale en diminuant la taille de la population, des mesures socio-économiques strictes doivent être prises afin d’éviter les effets négatifs de la variation des populations et du vieillissement de la main-d’œuvre. Dans ce scénario, les législateurs devraient tenir compte de l’expérience des pays comme le Japon où la population a déjà commencé à baisser avec un indice pondéré de fécondité de 1,3 (Clark et al. 2009). Les projections de Bijak et al. (2005) pour 27 pays Européens de 2002 à 2052 ont montré que les conséquences à long terme du changement démographique devraient être traitées par les politiciens avec une préoccupation du futur qui va plus loin que la date des prochaines élections (Bijak et al. 2005:28).

Les changements climatiques feront partie de notre futur même si nous arrivons a réduire nos émissions de gaz carbonique. Notre contribution à la phase courante du réchauffement de la terre est inconnue. Mais, il est clair que nous sommes devenus un facteur supplémentaire du changement du climat. La réduction de la pollution de l’atmosphère est une priorité tant au point de vue de santé publique qu’à celui de l’environnement. Les premiers avertissements du cataclysme, prévu il y a plus de deux cents ans, donnent l’impression d’avoir pris trop longtemps à atteindre le public. Seulement le futur pourra dire si les mesures que nous avons prises l’ont été “trop peu, trop tard.” Comme Blaise Pascal qui a mis toutes les chances de son côté même quand les causes n’avaient pas encore été déterminées ou démontrées, les législateurs qui jouent avec notre propre futur, devraient parier sur la probabilité que les émissions carboniques sont exacerbées par le surpeuplement, l’urbanisme, et la culture de consommation.

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Remerciements: Ces photos ont été prises lors d’une étude ethnographique sur le terrain, au Brésil, avec le soutien d’une bourse allouée par “Macquarie International Travel” et “Macquarie Research Excellence.” J’exprime toute ma gratitude à Puneet Singh, à João Daniel et à la “Fondation Gregorio Mattos”  pour m’avoir aidé à localiser les sites d’intérêt. Je remercie particulièrement le Professeur Roger Valentine Short, de l’Université de Melbourne, pour ses conseils et ses encouragements ainsi que pour son aide pour le voyage. Un grand merci à mon ami et mentor, Jacques Lenoir, qui m’a aidé dans mon expression de la langue française, dans ma connaissance du sujet, avec le traduction de l’article, et dans mon inclinaison profonde pour les Sciences. Mes remerciements chaleureux vont également à Laure Ercole pour ses conseils, Dr François Vierling pour ses corrigements et Dr Paul Klosen pour son encouragement.

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Wadman, Meredith. 1999. Gore under fire in controversy over South African AIDS drug law, Nature, 399, 717-718.

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Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística – IBGE. 2009. Censos Demográficos: 1872; 1890; 1900; 1920;1940; 1950; 1960; 1970; 1980; 1991; 2000; & 2008.  Rio de Janeiro; Salvador da Bahia; & Brasil. [accessed on: 03/23/2009], Available at <http://www.sidra.ibge.gov.br>

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Paul Mason

I am a biomedically trained social anthropologist interested in biological and cultural diversity.

14 thoughts on “Le Brésil au XIXème et XXIème siècle

  1. A close friend of mine from Brazil sent me an email with some interesting comments that I wanted to share on his behalf:

    Although Brazil is responsible for one third of carbon emissions in South America, it’s proportional to our economic importance in comparison with the other countries. In no way i’m defending carbon emissions (obviously not :)), but it could be a lot worse. Our energy matrix is greatly based on hydroeletric generation: we’re luckly on havin tons of rivers that helps us in producing energy. Itaipu was the biggest of the world, but it was surpassed by the monstrous chinese hydroeletric plant. And we’re planning on building the third greatest one.

    Other interesting aspect is our ethanol project. We’re pionneers on it, since the seventies. Nowadays our sugar cane-based ethanol is cheapier and better than the corn-based one. But on the other hand, I don’t know if you knew about it, we discovered a large amount of oil in the pre salt geological layer. Probably it will be exploited and consumed which means a lot more emission.

    And another point in carbon emission is that a significant percentual is caused by forest burning. This is probably known by you. Cause: expansion of the agro bussiness and its bounder which is getting into the Amazon Forest. We need to produce soya, our economic superavits are based on exporting soya to the chinese.

    On population, we’re slowing down in growth. We keep growing, but in a slower pace now. The richest are producing less and less children, while the poores ones are like rabbits. Conclusion: heavy social problems in the near future, maybe bigger than tue nowadays ones…

    I’ll stop here cause your article is a lot more based on scientific info than the things I’m saying. But I’d like to add that besides on limiting human growth, which is important, reducing carbon emission is also a question of life changing – the task of a new way of life to every human being in the entire world, based on low energy consumption in the everyday activities. It would require a great level of individual conciousness. An impossible task though.

    (OBRIGADO MEU IRMAO!)

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